Les immobilisations dans une entreprise représentent les biens durables que l’entreprise a achetés et qui sont utiles et essentiels au fonctionnement de son activité.
Il y a trois types d’immobilisations :
- Les immobilisations incorporelles : elles regroupent les actifs non matériels tels que les brevets, marques ou encore les logiciels. Pour faire simple, ce sont tous les actifs que l’on ne peut pas toucher avec nos mains. Elles concernent les comptes 20*.
- Les immobilisations corporelles : elles regroupent les biens physiques tels que les terrains, bâtiments, agencements, équipements, matériels de transport, matériels de bureau et informatique, mobilier, outillages industriels… Pour faire simple, ce sont tous les actifs que l’on peut toucher avec nos mains. Elles concernent les comptes 21*.
- Les immobilisations financières : elles correspondent aux investissements financiers à long terme (détention supérieure à 1 an en général) dans d’autres entreprises. Ce sont des investissements durables et non destinés à être liquidés à court terme. Cela reflète l’engagement financier à long terme d’une entreprise dans des entités tierces. En d’autres termes, cet investissement est une somme d’argent versée à une entreprise pour recevoir en contrepartie, des parts/des actions de l’autre société. Le but est d’avoir du contrôle et d’établir des relations entre ces sociétés. Ce sont ces parts qu’il faut enregistrer en immobilisations financières. Elles concernent les comptes 26*.
Attention : Les investissements à court terme appelés “participations” (détention inférieure à 1 an en général) ne s'enregistrent pas dans les comptes d’immobilisations car elles peuvent être facilement converties en liquidités et ne sont pas vouées à être détenues de manière durable. Si l’entreprise a un besoin d’argent rapidement, elle peut vendre ses participations à court terme pour obtenir de l’argent. Il n’y a pas l’envie de contrôler ou de créer une relation au vu de sa durée de détention. Ces investissements à court terme doivent être enregistrés dans la classe 5 “comptes financiers”. Elles concernent les comptes 50* : les valeurs mobilières de placement (VMP).
Qu’est ce que l’amortissement ?
Les immobilisations ont une durée de vie limitée. Cela signifie que ces dernières perdent de la valeur au fur et à mesure des années en raison de leur utilisation constante et de l’usure naturelle qui en découle. Pour gérer cette perte de valeur, les entreprises utilisent le concept d’amortissement.
C’est un processus qui permet d’enregistrer, à chaque exercice, la perte de valeur que l’immobilisation a subi. Cela permet d’avoir, à chaque fin d’exercice comptable (et donc à l’ouverture du nouvel exercice comptable), la réelle valeur de l’immobilisation. La valeur réaliste s’appelle “la valeur résiduelle” :
Valeur résiduelle = valeur d’achat de l’immobilisation - la perte de valeur (l’amortissement)
À chaque fois qu’une immobilisation est acquise, on enregistre cette dernière et on précise sa durée de vie. Une fois ce nombre d’années écoulé, nous estimons que cette immobilisation n’a plus aucune valeur et n’apporte plus rien à l’entreprise. C’est pour cette raison qu’au fur et à mesure que ces immobilisations atteignent leur fin de vie ou deviennent obsolètes, l’entreprise prend des décisions sur leur sort : les garder si elle les utilisent encore, les vendre ou encore les jeter.
En procédant ainsi, cela permet à l’entreprise de n’avoir que des immobilisations utiles et essentielles à son activité.
L’amortissement est donc une notion très importante en ce qui concerne les immobilisations car il permet de suivre la valeur des immobilisations de l’entreprise au fil du temps.
Certaines immobilisations ne sont pas amortissables : les terrains.
Comment cela se passe en comptabilité ?
La perte de valeur des immobilisations engendre de ce fait une perte de valeur pour l’entreprise chaque année. Cela génère donc, chaque année, une charge pour elle.
Astuce : Le numéro 8 (surligné en rose ci-dessus) que l’on trouve après le compte 6* et le compte 2* fait justement référence à la notion d’amortissement. => Le compte 6 est un compte de charge + le numéro 8 qui le suit = charge d’amortissement => Sa contrepartie : le compte 28 → 2 (immobilisations) + le numéro 8 qui le suit = amortissement. Ce compte fait diminuer la valeur de l’immobilisation historiquement enregistrée.
En d’autres termes, le compte spécifique de l’immobilisation ne va pas diminuer en soi ! Mais ce compte d’amortissement permet de notifier le montant total de la perte de valeur de cette immobilisation au fil de l’eau.
Cela signifie que pour connaître la valeur de l’immobilisation, il faut prendre le montant enregistré dans mon compte d’immobilisation et le soustraire aux montants enregistrés dans le compte d’amortissement.
Exemple : - 2154 : compte “matériel industriel” => 28154 : compte “amortissement du matériel industriel” - 2184 : compte “mobilier” => 28184 : compte “amortissement du mobilier".
Exemple :
Achat d’une machine industrielle - Prix d’achat : 30 000 euros - Durée d’amortissement : 10 ans (= durée de vie)
Illustration numéro 1 – amortissement sur 12 mois avec clôture normale (31/12) :
L’entreprise a acheté le 01/01/2023 la machine. Avant toute chose, il faut enregistrer la machine dans les comptes à la date de la facture :
(Une taxe appelée “TVA” (taxe sur la valeur ajoutée) doit normalement être comptabilisée. Ne l’ayant pas encore abordée, nous faisons abstraction de cette taxe pour cet exemple)
Exercice du 01/01/2023 au 31/12/2023 : - Durée d’amortissement : 12 mois (du 01/01/23 au 31/12/23) - Montant d’amortissement à enregistrer au 31/12/2023 : 30 000 / 10 (ans) = 3000 euros. - Valeur de la machine au 31/12/2023 : 30 000 - 3 000 = 27 000 euros. - Perte de valeur au 31/12/2023 = 3 000 euros.
Exercicedu 01/01/2024 au 31/12/2024 : - La machine perdra encore 3000 euros de valeur. Elle aura donc une valeur de 24 000 euros. - Elle enregistrera encore une fois une perte de 3000 euros :
Illustration numéro 2 – amortissement au cours d’année avec une clôture normale (31/12) :
- L’amortissement s’enregistre au prorata des mois concernés sur l’année ! - L’entreprise a acheté le 01/04/2023 la machine. - Avant toute chose, il faut enregistrer la machine dans les comptes à la date de la facture :
(Une taxe appelée “TVA” (taxe sur la valeur ajoutée) doit normalement être comptabilisée. Ne l’ayant pas encore abordée, nous faisons abstraction de cette taxe pour cet exemple)
Exercicedu 01/01/2023 au 31/12/2023 : - Durée d’amortissement : 9 mois (du 01/04/23 au 31/12/23) - Montant d’amortissement à enregistrer au 31/12/2023 : 30 000 / 10 (ans) * 9/12 = 2 250 euros. - Valeur de la machine au 31/12/2023 : 30 000 - 2 250 = 27 750 euros. - Perte de valeur au 31/12/2023 = 2 250 euros.
Exercice du 01/01/2024 au 31/12/2024 :
La machine perdra 3000 euros de valeur car : - 30 000 / 10 * (3/12) = 750 (amortissement restant de l'achat de la 1ère année : du 01/01/24 au 30/04/24) - 30 000 / 10 * (9/12) = 2250 (amortissement de la 2ème année : du 01/04/24 au 31/12/24) = 750 + 2250 = 3000 euros
Exercice du 01/01/2024 au 31/12/2024 :
La machine aura donc une valeur de 24 750 euros au 31/12/24 : = 30 000 - 2250 - 3000 = 24 750 euros.
Elle enregistrera la perte de 3000 euros qui concerne la perte de l'exercice :
Illustration numéro 3 – amortissement au cours d’année avec une clôture décalée (différente du 31/12) :
- L’amortissement s’enregistre au prorata des mois concernés sur l’année !
Prenons l’exemple d’une clôture au 30/09. - L’entreprise a acheté le 01/04/2023 la machine. - Avant toute chose, il faut enregistrer la machine dans les comptes à la date de la facture :
(Une taxe appelée “TVA” (taxe sur la valeur ajoutée) doit normalement être comptabilisée. Ne l’ayant pas encore abordée, nous faisons abstraction de cette taxe pour cet exemple)
Exercice du 01/04/2023 au 30/09/2023 : - Durée d’amortissement : 6 mois (du 01/04/23 au 30/09/23) - Montant d’amortissement à enregistrer au 30/09/2023 : 30 000 / 10 (ans) * 6/12 = 1 500 euros. - Valeur de la machine au 30/09/2023 : 30 000 - 1 500 = 28 500 euros. - Perte de valeur au 30/09/2023 = 1 500 euros.
Exercicedu 01/10/2023 au 30/09/2024 :
La machine perdra 3 000 euros de valeur car : - 30 000 / 10 * (6/12) = 1 500 (amortissement restant de la 1ère année : du 01/10/23 au 31/03/24) - 30 000 / 10 * (6/12) = 1 500 (amortissement de la 2ème année : du 01/04/24 au 30/09/24) = 1 500 + 1 500 = 3000 euros
La machine aura donc une valeur de 25 500 euros au 30/09/24 : = 30 000 - 1 500 - 3000 = 25 500 euros.
Elle enregistrera la perte de 3000 euros qui concerne la perte de l'exercice :
Important : la distinction entre charge (compte 6 - CDR) et immobilisation (compte 2 - Bilan) :
Il est fondamental de savoir faire la distinction entre une charge et une immobilisation car l’enregistrement n’est pas le même : - pour la charge, on l’enregistre dans le compte de résultat (comptes 6*) - pour l’immobilisation, on l’enregistre dans le bilan (comptes 2*)
Les charges
Les charges représentent les dépenses courantes engagées par l’entreprise et qui lui sont utiles à son activité.
Elles ne sont enregistrées que sur un seul exercice comptable.
Exemple de charges : petits équipements, fournitures, entretien, honoraires, frais de personnel…
Les immobilisations
Quant aux immobilisations, comme nous l’avons abordé au-dessus, ce sont des biens durables acquis par l’entreprise pour être utilisés sur une période prolongée (généralement au-delà d’un an).
Contrairement aux charges, les immobilisations sont considérées comme des investissements à long terme.
Elles ajoutent de la valeur à l’entreprise.
Exemple d’immobilisations : équipements, ordinateurs, véhicules, bâtiments…
Cependant, il est parfois difficile de faire la distinction entre la charge ou l’immobilisation en ce qui concerne les équipements ou encore les fournitures de bureau qui ont logiquement une durée durable dans l’entreprise.
En principe : - Si le montant hors taxe (HT) unitaire est inférieur à 500 euros, alors il faut l’enregistrer en charge (CDR - comptes 6*). - Si le montant hors taxe (HT) unitaire est supérieur à 500 euros, alors il faut l’enregistrer en immobilisation (Bilan - comptes 2*) car on considère qu’elle fait partie de l’entreprise et est essentielle pour cette dernière.
En d’autres mots, les charges sont liées qu’à un seul exercice comptable. En revanche, pour les immobilisations, celles-ci sont enregistrées dans le bilan mais en plus de cela, il y a une dotation aux amortissements passée chaque année qui correspond à une charge pour la société.
Exemple, pour un ordinateur de 600 euros HT (720 euros TTC) : S’il est enregistré en charge et non en immobilisation, alors nous enregistrons en comptabilité l’écriture ci-dessous à la date de la facture :
Nous voyons bien que le compte de résultat est mouvementé car le compte 6 le mouvemente.
En revanche, si cet ordinateur est enregistré en immobilisation, alors nous enregistrons en comptabilité l’écriture ci-dessous à la date de la facture :
Nous voyons bien que le compte de résultat n’est pas mouvementé.
C’est le bilan qui l'est car le compte 2 le mouvemente.
Cependant, la perte de valeur que subira l’immobilisation mouvementera le compte de résultat. En effet, nous avons vu précédemment que le compte de dotations aux amortissements est le compte 68. Pendant la durée de vie de l’immobilisation, le compte de charge sera mouvementé pour le montant de la dotation. D’où le fait qu’on dit que la charge est étalée.
De ce fait, cela à une répercussion sur le résultat. Vu que le résultat est égal à la somme des produits moins la somme des charges, si l’ordinateur est enregistré en charge, cela fera baisser le résultat de l’exercice car la charge n’est pas répartie en plusieurs années. L’entreprise paiera moins d’impôt (le montant des impôts à payer est calculé en fonction du montant du résultat. Plus le résultat est important et plus l’impôt à payer par la société est important.
Par contre, si l’ordinateur est enregistré en immobilisation, la charge sera étalée. Le résultat sera plus important donc l’entreprise paiera plus d’impôt. Cependant, pour certaines sociétés c’est leur objectif car un résultat important signifie que le société génère du chiffre d’affaires et a une bonne santé financière.